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Algérie | Note de la Banque d'Algérie relative aux mesures pour atténuer l'impact du choc externe sur l'économie nationale | Flash info Afrique

18/09/2015

Une Note de la Banque d'Algérie en date du 8 septembre 2015, ci-après "la Note", expose les mesures envisagées pour atténuer l'impact du choc externe sur l'économie du pays.

Cette Note intervient alors que l'économie algérienne doit faire face à des réserves de change qui ont baissé pour s'établir, d'après l'annonce faite par le Gouverneur de la Banque d'Algérie1, à 159,027 milliards de dollars fin juin 2015 contre 178,938 milliards de dollars fin décembre 2014. Fin juin 2014, les réserves de change étaient alors de 193,269 milliards de dollars.

La baisse de 34,242 milliards de dollars enregistrée entre fin juin 2014 et fin juin 2015 est due, d'après le Gouverneur de la Banque d'Algérie lors de la présentation des tendances financières et monétaires de l'Algérie au 1er semestre 2015, à "l'impact du choc externe sur la balance des paiements extérieurs de l'Algérie depuis le quatrième trimestre 2014"2.

Ceci étant, le Gouverneur de la Banque d'Algérie se veut rassurant en indiquant que ce niveau "reste adéquat pour faire face au choc externe en situation de très faible dette extérieure située à 3,353 milliards de dollars à fin juin 2015".

La Note reprend six points principaux /

  • rappel de la mise en oeuvre de certaines mesures relatives au commerce extérieur en 2015 qui ont notamment aidé à réduire les importations ;
  • exécution de stress-tests des banques en novembre et décembre 2015 ;
  • entrée en production de la nouvelle centrale des risques à partir de la mi-septembre 2015 et la relance du crédit à la consommation ;
  • reprise du financement des banques à partir d'octobre 2015 par la Banque d'Algérie ;
  • précisions concernant la situation de la contraction monétaire ; accentuation du rôle des banques.

Ces différents points appellent de notre part les observations suivantes :

1. Mise en oeuvre et renforcement de certaines mesures relatives au commerce extérieur en 2015

La Note rappelle que, face au choc externe, les Pouvoirs publics ont pris en 2015 des mesures afin de resserer les exigences en matière de normes et établir un dispositif légal d'encadrement des importations au moyen de licences d'importation.

La Banque d'Algérie a également renforcé les exigences en matière de détermination de la surface financière de l'importateur pour les besoins de domiciliation bancaire. Elle a aussi prévu la réduction à deux reprises du ratio prudentiel des fonds propres des banques par rapport à leurs engagements au titre du commerce extérieur.

En outre, la Banque d'Algérie a intensifié les contrôles des opérations du commerce extérieur directement au niveau des agences bancaires.

Ces mesures ne sont pas sans effet sur le niveau des importations puisque, selon le Gouverneur de la Banque d'Algérie, les importations de biens se sont établies à 27,086 milliards de dollars au premier semestre 2015 contre 30,134 milliards de dollars au premier semestre 2014, soit un recul de 10,11%3.

D'après lui, cette baisse aurait également bénéficié, dans une certaine mesure, du bas niveau des produits de base et des matières premières sur les marchés internationaux.

2. Exécution de stress-tests par les banques

La Note souligne qu'afin d'avaluer le degré de résistance des banques à la contraction des ressources inhérentes au choc externe, la Banque d'Algérie effectuera en novembre et décembre 2015 des exercices de "stress tests" (tests de résistance), sur la base des résultats des audits financiers en cours.

Ces tests ont pour but de développer les instruments de surveillance macro-prudentielle et de mesurer la solidité des banques par rapport au cycle financier.

Soulignons qu'en 2014, les outils de surveillance macro-prudentielle ont déjà été renforcés afin de permettre à l'Algérie de préserver sa solidité financière.

En effet, trois règlements édictés et publiés au journal officiel du 25 septembre 2014, définissent les indicateurs suivants : coefficients de solvabilité, grands risques et participations, et classement et provisionnement des créances et engagements par signature4.

Par ailleurs, et comme souligné par le Gouverneur de la Banque d'Algérie, l'utilisation soutenue des instruments macro-prudentiels dans un contexte de chute des prix du pétrole permettra d'appuyer la conduite de la politique monétaire.

Selon le Gouverneur, cette approche de la supervision permettra de mettre l'accent sur le processus d'allocation des crédits par les banques afin d'endiguer la réapparition des risques concentrés et la hausse des créances non perfomantes5.

3. Entrée en production de la nouvelle centrale des risques et relance du crédit à la consomation

La Note souligne que la nouvelle centrale des risques de la Banque d'Algérie entrera en production à la mi-septembre 2015.

Cette centrale aura pour rôle d'aider les banques à gérer les risques de crédit.

De surcroît, cette centrale contribuera à la reprise effective du crédit à la consommation.

Rappelons que les conditions et modalités du crédit à la consommation ont été fixées par un décret exécutif récent6.

Rappelons également que, d'après ce décret, les opérateurs dont les produits sont éligibles au crédit à la consommation sont ceux qui exercent une activité de production sur le territoire national et produisent ou assemblent des biens destinés à la vente aux particuliers.

Les biens éligibles peuvent répondre à un taux d'intégration fixé, en tant que de besoin, par arrêté ministériel.

Pour les ménages qui souscrivent des crédits bancaires, la centrale des risques constitue un véritable outil susceptible de les prévenir contre les risques de surendettement dans la mesure où elle permet de centraliser toutes les informations relatives aux crédits alloués aux différents clients.

4. Reprise du financement des banques à partir d'octobre 2015 par la Banque d'Algérie

La Note précise qu'après une longue période d'excès de liquidités sur le marché monétaire, la Banque d'Algérie reprendra à partir d'octobre 2015 le refinancement des banques.

En conséquence, elle injectera des liquidités dans l'économie nationale. Cependant, l'injonction de ces liquidités ne devrait pas générer une érosion des réserves de changes.

En effet, les banques doivent avoir dans leurs portefeuilles des effets de qualité éligibles au refinancement, tels que des effets privés acceptables au réescompte.

Ces exigences vont de pair avec le développement du schéma d'épargne financière, opéré notamment par le biais de la conformité fiscale volontaire.

Rappelons que la loi de finances complémentaire pour 2015 a fixé, dans son article 43, une taxation libératoire forfaitaire de 7% pour toute somme déposée auprès des banques jusqu'au 31 décembre 2016.

Selon la déclaration à l'APS du Président de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF), qui est aussi PDG de la BADR, "la mise en conformité fiscale volontaire, lancée par l'administration fiscale et les banques pour attirer l'argent circulant dans l'informel vers le circuit bancaire, semble bien démarrer". Le dispositif qui a été mis en place il y a un mois a enregistré les premières opérations de placement auprès de plusieurs banques. Le président de l'ABEF y voit un début très prometteur et un signal très positif pour la conduite de ce programme7.

Les résultats donnés par les banques dans la presse sont cependant en deça des attentes de l'administration fiscale, qui évoque pour sa part un début timide du programment initié par le Gouvernement pour assainir la sphère informelle8.

5. Contraction monétaire

La Note souligne une contraction monétaire au cours des cinq premiers mois de l'année (-625,92 milliards de dinards) due, selon la Banque d'Algérie, à la forte baisse des dépôts du secteur des hydrocarbures (-14,09%) qui confirme l'acuité de la chute des prix des hydrocarbures9. Ceci dit, les secteurs hors hydrocarbures ont également enregistré une contraction au premier trimestre.

En même temps, le ratio monnaie fiduciaire/masse monétaire a poursuivi son augmentation (28,2% à la fin juin 2015). Un indice qui reste remarquable selon le Gouverneur de la Banque d'Algérie.

Toutefois, le Gouverneur de la Banque d'Algérie a fait état d'une forte baisse des dépôts bancaires à vue dans les banques.

Il estime également qu'il est opportun pour les banques de savoir valoriser et drainer l'épargne financière des ménages. Et ce dans un contexte où les crédits à l'économie ont progressé de 8,70% au cours du premier semestre 2015 contre 11,72% durant le premier semestre 2014, alors que la liquidité totale des banques s'est établie à 2 104,96 milliards de dinars contre 2 730,88 milliards de dinars à la fin décembre 2014, soit une forte contraction telle que mentionnée ci-dessus (- 625,92 milliards de dinars)10.

A cet égard, la Note précise que le potentiel pour le développement de l'épargne financière à terme par les banques reste important, d'autant plus qu'il existe la procédure mentionnée précédemment relative à la conformité fiscale volontaire dans laquelle les banques jouent un rôle primordial.

6. Accentuation du rôle des banques

La Note prévoit enfin l'accentuation du rôle des banques lesquelles, en plus de leur intervention dans le financement de l'activité économique, devront :

  • développer leurs capacités à accompagner la création et le développement des PME productives, en s'appuyant sur les institutions financières de garantie des crédits bancaires ;
  • dynamiser leur activité de conseil à la clientèle, notamment en renforçant leur expertise en matière d'analyse de projets afin de promouvoir le développement des crédits d'investissement.


  1. 1 Source : www.aps.dz (en date du 8 septembre 2015)
  2. 2 Source : www.aps.dz (en date du 8 septembre 2015)
  3. 3 Source : Le soir d'Algérie (en date du 9 septembre 2015)
  4. 4 Règlement n° 14-01 du 16 février 2014 portant coefficients de solvabilité applicable aux banques et établissements fiannciers Règlement n° 14-02 du 16 février 2014 relatif aux grands risques et aux participations Règlement n° 14-03 du 16 février 2014 relatif aux classements et provisionnement des créances et des engagements par signature des banques et établissements financiers
  5. 5 Source : www.aps.dz (en date du 6 septembre 2015)
  6. 6 Décret exécutif n° 15-114 du 12 mai 2015 relatif aux conditions et aux modalités d'offres en matière de crédit à la consommation
  7. 7 Source : El Watan (en date du 10 septembre 2015)
  8. 8 Source : El Watan (en date du 10 septembre 2015)
  9. 9 Source : Le Soir d'Algérie (en date du 10 septembre 2015)
  10. 10 Source : Le Soir d'Algérie (en date du 9 septembre 2015)

Auteurs

Samir Sayah