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Alerte de l’ANSES sur la composition des produits capillaires

Que sera votre décoloration de demain ?

19/06/2019

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a rendu public le 12 juin 2019 un avis concernant l’usage des persulfates d’ammonium, de potassium et de sodium dans les produits capillaires. Ses conclusions sont inquiétantes pour les utilisateurs de ces produits.

Pourquoi une intervention de l’ANSES ?

Le règlement REACH (registration, evaluation and autorisation of chemicals), entré en vigueur depuis 2007, vise à avoir une connaissance globale des effets de substances chimiques sur la santé humaine et sur l’environnement, grâce en l’enregistrement, par les industriels, des usages qu’ils font de substances chimiques, et des volumes utilisés. Ce règlement prévoit également une substitution progressive des substances chimiques les plus dangereuses. Ainsi, des autorisations ou des restrictions d’usage peuvent être décidées.

Dans ce cadre, le règlement REACH prévoit une évaluation approfondie des substances pour lesquelles il existe un doute ou une préoccupation quant à leur toxicité. L’étude des données communiquées par les industriels, éventuellement complétée d’autres études, doit permettre de lever ou de confirmer le doute initial.

Si l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) est l’organe centralisateur pour la mise en œuvre de la réglementation REACH, elle s’appuie néanmoins sur un certain nombre d’autres organisations européennes et nationales, sur la base d’un programme de travail triennal appelé CoRAP (community rolling action plan).

Le pilotage de la mise en œuvre du règlement REACH, pour la France, est assuré par la Direction générale de la prévention des risques du ministère de la Transition écologique et solidaire. L’ANSES a quant à elle pour mission d’évaluer scientifiquement et techniquement certains produits relevant de son champ d’expertise, soit à la demande du ministère, soit de sa propre initiative.

C’est dans ce cadre que l’agence est intervenue pour évaluer la dangerosité de certaines composantes des produits capillaires.

Pourquoi évaluer la dangerosité de certaines substances entrant dans la composition des produits capillaires ?

Les agents oxydants visés (persulfates d’ammonium, de potassium et de sodium) entrent dans la composition de produits de décoloration capillaire et sont suspectés d’être allergisants et de déclencher des maladies professionnelles.

D’après le communiqué de l’ANSES, ces substances sont « classées comme sensibilisants respiratoires et cutanées dans le règlement européen CLP », et représenteraient « la 2e cause des asthmes professionnels en lien avec les expositions aux produits chimiques, après les ammoniums quaternaires ».

C’est pour cela que l’Agence a choisi de conduire une étude pour identifier plus clairement les risques pour les professionnels et les consommateurs utilisateurs de ces substances et les mesures correctives à mettre en œuvre.

Elle a ainsi rendu public, le 12 juin 2019, un avis très tranché sur le sujet (avis n° 2019-SA-0011 relatif à l’analyse des options de gestion règlementaires des persulfates de potassium, d’ammonium et de sodium dans le cadre de REACH).

Conclusions de l’ANSES : la nécessité de changer les formules de certains produits capillaires

Selon l’ANSES, les persulfates d’ammonium, de potassium et de sodium, lorsqu’ils sont utilisés dans des produits capillaires, sont dangereux pour la santé des professionnels de la coiffure et les consommateurs.

L’Agence indique que ces produits sont sensibilisants et peuvent conduire à des réactions allergiques, observées à la fois au niveau respiratoire et cutané. Les réactions observées vont de l’asthme réactionnel, aux dermatites allergiques jusqu’aux chocs anaphylactiques.

L’ANSES indique aussi que plus de 1 000 cas de pathologies professionnelles liées aux persulfates auraient déjà été recensés par le Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles (rnv3p) entre 2001 et 2015, en grande partie chez des professionnels de la coiffure.

L’ANSES conclut ainsi à « l’existence de risques sanitaires pour les professionnels, voire les non-professionnels en lien avec l’utilisation de produits cosmétiques contenant des persulfates ». Elle recommande donc « de restreindre dans les meilleurs délais l’usage des persulfates, notamment dans les produits capillaires, afin de protéger la santé des travailleurs et des consommateurs exposés ».

Que seront les produits capillaires de demain ?

Si les avis et recommandations de l’ANSES ne sont pas contraignants et ne font pas nécessairement l’unanimité, ils matérialisent néanmoins une inquiétude récurrente et synthétisent différentes données qui semblent confirmer une certaine dangerosité des produits persulfates dans les produits capillaires.

Les professionnels du secteur sont ainsi appelés à faire preuve d’une vigilance accrue quant à la composition de leurs produits.

Par ailleurs, dans l’hypothèse d’un dommage causé à un utilisateur du produit, l’étude de l’ANSES pourrait constituer un argument décisif pour retenir la responsabilité du fabricant.

Enfin, ces recommandations pourraient n’être qu’un début : l’ECHA pourrait mettre en place des restrictions d’usage des produits en cause. L’Agence européenne récolte actuellement, et ce jusqu’au 15 septembre 2020, des éléments sollicités auprès des déclarants. De l’analyse de l’ensemble de ces éléments dépendra la décision qu’elle prendra concernant les persulfates.

De la décision qui sera prise in fine par l’ECHA  dépendra l’évolution, à moyen terme, du marché traditionnellement très concurrentiel de produits capillaires.


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