Home / Publications / Banque et assurance : vers une recomposition du paysage...

Banque et assurance : vers une recomposition du paysage africain

17/11/2018

Depuis 2017, un nouveau panorama se dessine en Afrique pour les secteurs de la banque et de l’assurance. Il semble donner la part belle aux groupes panafricains, fins connaisseurs des règles et du continent. Décryptage.

La régulation, au coeur des enjeux

Rares sont les groupes internationaux qui n’ont pas souhaité tirer profit de la formidable croissance affichée par certains pays africains. Ce mouvement n’a pas épargné les secteurs de la banque et de l’assurance. Les implantations, les retours, voire les consolidations, sur le continent, d’un certain nombre d’acteurs internationaux de premier plan, comme AXA, Allianz, Standard Chartered Bank ou encore ICBC, le plus souvent au moyen d’opérations de croissance externe, démontrent l’importance de ce mouvement.

Cependant, l’action des différents régulateurs africains entraîne une recomposition de ces mêmes secteurs sur l’ensemble du continent, et particulièrement en Afrique Subsaharienne francophone. Ces nouvelles règles, d’ores et déjà appliquées, sont connues puisqu’elles sont calquées sur celles adoptées par les régulateurs occidentaux après la crise financière de 2008. Ces règles sont destinées, en particulier, à augmenter les ratios de solvabilité et à renforcer les exigences de capital social et de fonds propres effectifs des établissements concernés (il s’agit notamment des normes dites Bâle II et Bâle III). Elles permettent aussi de fixer un cadre en matière de gouvernance, de conformité et de lutte
contre le blanchiment et le financement du terrorisme. 

Les tendances de cette recomposition

L’une des tendances du moment se traduit par le redimensionnement ou le repli progressif d’établissements financiers internationaux dont l’envergure sur le continent s’est avérée trop étroite ou insuffisamment stratégique pour supporter les coûts induits par les nouvelles exigences réglementaires mondiales et africaines. Ceci est d’autant plus vrai lorsque les choix d’implantation n’ont pas permis de créer de dynamique régionale. Les replis de Barclays, de BPCE ou même de Willis Towers Watson en sont la preuve. Rappelons que cette situation est aussi encouragée par la volonté de renforcer leurs positions sur d’autres marchés réputés plus rentables. 

Dans le même temps, nombres d’acteurs africains de taille réduite et/ou insuffisamment organisés pour faire face à ces nouvelles réglementations édictées par les régulateurs régionaux, se voient repris par des groupes plus importants de dimension panafricaine, le plus souvent dirigés par des entrepreneurs africains. Les opérations récentes réalisées par NSIA Banque (Diamond Bank), Attijariwafa (Barclays Bank Egypt), Sunu (BPEC) et BCP (Banque des Mascareignes) ou les
ambitions de Mauritius Commercial Bank ou de Stanbic sur le continent illustrent cette tendance.

Notons également à leurs côtés la présence d’un nombre croissant de nouveaux acteurs issus de la fintech et du digital banking, autre tendance majeure de ces secteurs en pleine recomposition.

Avis d'experts paru dans le Magazine Jeune Afrique en octobre 2018 

Auteurs

Pierre Marly
Chinyelu Oranefo