Le gouvernement marocain manifeste clairement son intérêt pour les questions environnementales, comme en témoignent ses engagements internationaux. Par ailleurs, les consommateurs marocains prennent de plus en plus en considération les aspects écologiques des produits et services qu'ils consomment et leur préférence pour les produits respectueux de l'environnement se fait donc plus marquée. En conséquence, les entreprises marocaines et étrangères opérant au Maroc s'alignent progressivement sur une démarche éco-responsable dans leur production et leur image.
Points saillants
Au Maroc, la pratique du Greenwashing est moins prononcée selon le secteur de la consommation, mais demeure présente. Sur le marché des produits alimentaires, les consommateurs ont tendance à acheter des produits qui sont perçus comme étant « éco-responsables », en apparence. L'orientation des consommateurs vers les « produits verts » est en partie freinée par le prix élevé des produits qui ne sont pas en adéquation avec cette orientation marketing.
L'orientation des entreprises vers l'adoption d'une pratique écologique et/ou d'un marketing écologique n'est pas généralisée aux entreprises de tous les secteurs. Dans la situation actuelle, les entreprises qui adoptent des pratiques écologiques se divisent entre celles qui concentrent leur financement sur l’écologisation d'un produit et celles qui jugent plus prometteur, malgré le caractère trompeur de leur démarche, d'opter pour un processus marketing éloigné de la réalité.
En effet, ce second type d'entreprise dépense davantage d'argent en publicité et en communication déguisées comme étant écologiques, qu'en actions en faveur de l'environnement. D'autres changent complètement leur identité visuelle (logo) ou ont recours à des slogans écologiques ou respectueux de l'environnement en vue de tromper les consommateurs.
(i) Écoblanchiment au Maroc : une pratique étudiée par les associations
Bien que la manifestation de l’Écoblanchiment soit discrète, cette pratique fait l'objet de discussion et de traitement par les associations.
À titre d'illustration, l'association Green Invest de l'École Nationale de Commerce et de Gestion de Settat a mis en lumière l'exploitation abusive du concept d'écologie par les entreprises, pour se donner une image respectueuse de l'environnement qui n'est souvent pas représentative de leurs produits.
Cette pratique est reconnue comme trompeuse pour l'opinion publique. Cette association plaide pour la protection de la nature comme un devoir majeur à assumer pleinement, en dénonçant toute entreprise qui utilise l'argument écologique dans sa stratégie de communication alors que le bénéfice de son produit (ou service) pour l'environnement est inexistant. Par ailleurs, elle instaure une forme de responsabilité des entreprises en considérant que la protection de l'environnement fait partie de l'activité de toutes les parties concernées, i.e., les entreprises (en conformité avec les exigences réglementaires environnementales), les associations et les consommateurs.
De leur côté, les associations environnementales et de consommateurs entendent encadrer voire modérer l’écoblanchiment des entreprises à travers des rapports et des articles, permettant au consommateur de développer un sens de la différenciation entre une pratique environnementale de bonne foi et une pratique trompeuse.
(ii) Mise en lumière des éléments permettant d’identifier une pratique d’écoblanchiment
Le rôle des associations est spécifiquement de fournir de l'information et de la protection aux consommateurs. Dans le contexte actuel, les entités concernées, à savoir les associations susmentionnées, encadrent la pratique de l’écoblanchiment en indiquant les éléments qui permettent de considérer qu'une démarche écologique relève de l’écoblanchiment.
En ce sens, la disparité entre la nature du produit et son intérêt écologique, qui se révèle minime dans la réalité mais qui est promue par des moyens publicitaires, est un cas flagrant d’écoblanchiment, en sus des indications écologiques fournies sur l'emballage, qui sont vagues et imprécises en apparence, ce qui n'est manifestement pas le cas pour un produit qui utilise réellement des composants et des procédés écologiques, et dont la nature ne contredit pas l'orientation adoptée en faveur de l'environnement.
Par voie de conséquence, l'absence d'information résultant de l'adoption d'une présentation succincte et imprécise du caractère écologique n'est pas moins importante que sa contribution au produit. L'accent mis sur l'image et le recours à des labels fallacieux doivent également être pris en considération.
En vue de déceler les pratiques d’écoblanchiment, il convient de franchir une étape supplémentaire et d'envisager de demander la preuve de l'adoption d'une orientation écologique auprès de l'entreprise concernée. Une attention particulière a été portée sur la fausse exclusivité, i.e., l'appropriation par une entreprise d'un intérêt environnemental comme étant exclusif, alors qu’il s’agit d’une obligation légale.
(iii) Le cadre législatif nécessaire à la pratique de l’Écoblanchiment
Étant donné que l’écoblanchiment est une pratique récente au Maroc, des textes législatifs et réglementaires adaptés à une telle situation n'ont pas encore été adoptés. Toutefois, la loi n° 49-17 relative à l'évaluation environnementale réglemente l'évaluation des effets d'un projet sur l'environnement, qui doit être réalisée par toute personne physique ou morale de droit public ou privé.
Néanmoins, la loi prévoit que la pratique de l’écoblanchiment sera prise en compte et sanctionnée directement par le législateur marocain, qui pourra adopter des dispositions spécifiquement applicables aux entreprises qui abusent de la pratique de l’écoblanchiment.
À titre d'exemple, la loi marocaine impose aux entreprises marocaines cotées en bourse de publier un rapport ESG/RSE conforme à la circulaire n° 03/19 relative aux opérations et informations financières émise par l'Autorité Marocaine du Marché des Capitaux.
Par ailleurs, il existe des suggestions récurrentes selon lesquelles la pratique de l’écoblanchiment pourrait être sanctionnée juridiquement. Il est envisagé d'établir un lien juridique entre la publicité trompeuse régie par l'article 21 de la loi n° 31-08 relative à la protection du consommateur. Malgré les difficultés de rattacher la pratique de l’écoblanchiment à la notion de publicité trompeuse, la doctrine juridique s'efforce d'établir un cadre juridique et, par conséquent, une sanction à l'encontre des entreprises qui abusent de cette pratique.
Compte tenu de l'importance de la dimension écologique dans l'orientation économique et politique de l'État marocain, il est incontestablement nécessaire que le législateur adopte une loi régissant directement la pratique de l’écoblanchiment.
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