La publication de la 7e édition de l’étude CMS sur les tendances 2019 de l’activité européenne en matière de M&A en partenariat avec Mergermarket est l’occasion d'un éclairage sur les perspectives du marché du Private Equity. Elle relève qu'en dépit de liquidités abondantes, les fonds d'investissement européens affichent une certaine prudence à l'égard des rachats d'entreprises.
Abondance de liquidités et prudence des acteurs
Même si le montant des liquidités disponibles, la « poudre sèche », est à un niveau record de 2.100 milliards d'USD, selon les estimations de Preqin, avec des capitaux européens dédiés s'élevant à environ un quart de ce total, le nombre de rachats et de sorties a chuté dans toute l'Europe sur les six premiers mois de 2019. L'étude indique que le volume des rachats d'entreprises en Europe a diminué de 14 % avec 664 transactions au 1er semestre 2019, affichant une baisse en valeur de 12 % par rapport à 2018, à 82,5 milliards d'euros. Ces chiffres représentent cependant le deuxième plus haut montant de rachats enregistré au cours d’un premier semestre depuis 2013. De son côté, le volume des sorties a chuté de 10% sur les six premiers mois de 2019, avec une baisse en valeur de 9 %, à 61 milliards d'euros par rapport au 1er semestre 2018. L’étude CMS met en perspective ce 1er semestre 2019, qui représente le troisième niveau le plus bas de sorties sur cette période depuis 2013. Elle identifie toutefois la persistance d’un optimisme à certains égards. En effet, 67% des fonds d’investissement sont confiants dans la perspective de valorisations favorables cette année, même si cela est peut-être lié à l’anticipation d’un ralentissement de l’économie. Autre point notable : le Private Equity et les réserves de trésorerie ressortent en tête des sources de financement les plus citées comme probables pour les prochains mois (toutes deux à hauteur de 53 % selon les personnes interrogées).
Perspectives d'avenir
Si des niveaux élevés de liquidités disponibles laissent généralement présager la réalisation d’opérations de grande envergure et d’importants volumes, les incertitudes géopolitiques (croissance européenne, tensions politiques liées au Brexit) qui ont récemment pesé sur l'activité M&A en Europe ont eu les mêmes conséquences sur le marché du Private Equity.
A l’échelle européenne, l’étude CMS prend ainsi acte d’un effet Brexit à l’origine d’un ralentissement en matière de Private Equity. Si le Royaume-Uni et l'Irlande, où se concentrent l'essentiel de l'activité, représentent encore 29 % du total des rachats européens au 1er semestre 2019, devant la Suisse (15 %) et l'Allemagne (14 %), on observe une attitude toujours plus prudente à l'égard des nouveaux investissements. Dans ce contexte, l'indice Argos mid-market révèle un niveau historiquement élevé des multiples qui s’établit à 10,1 x l’EBITDA. Ce niveau ne doit cependant pas cacher l’écart entre la hausse des multiples payés par les acquéreurs industriels, qui s’élève en moyenne à 11,0 x l’EBITDA, et le repli des multiples payés par les fonds à 9,3 x l’EBITDA. Cela laisse penser que les fonds de Private Equity sont moins agressifs que les entreprises riches en trésorerie, qui prennent le dessus en n'hésitant pas à payer des prix plus élevés. C’est l’occasion de souligner que cet indice est mesuré pour la première fois cette année sur le seul marché français, avec une tendance globalement cohérente avec celle de la zone euro depuis 2013.
Les fonds d'investissement tentent par ailleurs d’éviter les processus d'enchères et les rachats secondaires agressifs, en recherchant des opérations primaires et des transactions plus complexes telles que les transactions public-to-private et les carve out, pour trouver plus d’opérations de gré à gré et de meilleurs multiples d'entrée. Les statistiques du CMBOR recensent 76 rachats secondaires pour une valeur de 14,9 milliards d'euros sur le 1er semestre 2019, soit 38 % de la valeur des rachats européens, contre 45 % au 1er semestre 2018. La proportion de public-to-private, dans l’intervalle, est passée de 16 % à 21 % de part de marché.
La prudence des investisseurs a également été observée au travers des secteurs d'activité ciblés par les acteurs de la place au cours des six derniers mois, parmi lesquels les TMT (Technologies Médias Télécommunications) et le secteur de la santé s’avèrent être les plus plébiscités.
Les TMT représentaient ainsi 25 % de l'ensemble de la valeur totale des rachats d'entreprises en Europe au 1er semestre 2019 (20,8 milliards d'euros), contre 12 % au 1er semestre 2018 (10,8 milliards d'euros). Le secteur a suscité de l'intérêt en raison de relais de croissance attractifs (cloud, software-as-a-service et numérisation) et de la valorisation croissante des solutions d’analyses de données. Les entreprises de ce secteur disposent du reste de gages solides dans l’éventualité d'une baisse d'activité avec une base client fidélisée.
Les opérations dans le secteur pharmaceutique et des biotech offrent également des garanties pour se prémunir contre le risque de baisse d'activité en raison des particularités de ce secteur, dans un contexte de population vieillissante ou encore d’un engouement des grands groupes pharmaceutiques pour l’externalisation de certaines de leurs activités.
Article paru dans Fusions et Acquisitions magazine du 1er novembre 2019
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