Un nouveau type d'opérateurs mobiles est apparu en France au cours des
dernières années, les opérateurs virtuels (dits "MVNO" pour "Mobile Virtual Network Operators").
Ceux-ci, ne disposant pas des fréquences nécessaires pour exploiter un
réseau mobile, ont conclu depuis 2005 des contrats de partenariat avec
l'un des trois opérateurs disposant d'une licence mobile, dits
"opérateurs hôtes"(Orange, SFR et Bouygues Télécom) qui leur permettent
de commercialiser leurs propres offres de détail. Malgré leur nombre
(pas moins de 19 contrats MVNO conclus à ce jour), leur arrivée n'a
toutefois pas fondamentalement bousculé le jeu de la concurrence-
(seulement 5% de part de marché pour l'ensemble des MVNO au 1er
trimestre 2008) contrairement à ce qui s'est passé-notamment en
Allemagne et au Royaume-Uni où les MVNO représentent respectivement 25%
et 15 % du marché de la téléphonie mobile.
Dès lors que la
baisse des prix semble être devenue un objectif prioritaire de la
politique économique du Gouvernement, le Ministre de l'Economie a
récemment interrogé le Conseil de la concurrence afin de déterminer les
raisons de la faible pression concurrentielle exercée par les MVNO.
Faisant
siennes les critiques développées depuis longtemps par les MVNO, le
Conseil a rendu le 30 juillet 2008 un avis identifiant les obstacles à
leur développement et proposant la mise en oeuvre de mesures qualifiées
d'impératives.
Au titre des explications avancées, le Conseil
pointe essentiellement la combinaison des clauses figurant dans la
plupart des contrats conclus avec les opérateurs hôtes : (i) les
exclusivités consenties pour une longue durée restreignant la
concurrence entre les opérateurs hôtes, (ii) les clauses de préemption
au profit de l'opérateur hôte limitant la valorisation de l'activité
des MVNO, (iii) les conditions tarifaires empêchant toute concurrence
frontale avec les opérateurs hôtes et (iv) la faible autonomie
technique accordée aux MVNO au détriment de services innovants.
Face
à ce constat particulièrement négatif, le Conseil relève toutefois le
meilleur équilibre des contrats dernièrement conclus par le plus petit
des trois opérateurs hôtes.
Dans le cas où cette récente
évolution ne s'avèrerait toutefois pas suffisamment concluante, le
Conseil préconise l'attribution d'une quatrième licence mobile assortie
d'un cahier des charges garantissant un meilleur accès aux MVNO avec
des conditions tarifaires, techniques et contractuelles plus favorables.
En
outre, le Conseil n'exclut pas la nécessité d'une intervention du
législateur et/ou du régulateur (ARCEP) en vue de parvenir à des
contrats plus équilibrés permettant aux MVNO d'exercer une réelle
pression concurrentielle.
Gageons que, si les Pouvoirs publics
décidaient de se saisir du sujet, la mise en oeuvre de telles mesures
serait assurément de nature à favoriser le développement du marché de
la téléphonie mobile et à créer de nombreuses opportunités
d'investissements, notamment pour des entreprises particulièrement
innovantes ou disposant d'une notoriété importante.
Article paru dans la revue Option Finance le 8 septembre 2008
Authors:
Benoît Philippe, Avocat
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