Faut-il instaurer une autorité de régulation multi-sectorielle ?
Si l’on en croit un article publié le 20 juin 2018 dans la Lettre A, l’idée de s’inspirer du modèle allemand revêtirait une certaine actualité, puisque Jean-François Carenco aurait plaidé en ce sens auprès du Gouvernement et de la présidence de la République. Le président de la Commission de régulation de l’énergie en effet souhaiterait la création d’une autorité de régulation commune aux secteurs de l’énergie, des postes, des télécommunications et des transports.
Le Gouvernement ne s’est pas encore publiquement positionné à ce jour et rien ne permet de dire s’il le fera.
Quels pourraient être les avantages d’un tel regroupement ? Le premier, assez vraisemblable et dans l’air du temps, serait de faire des économies par la mutualisation des moyens et notamment des agents. C’est d’ailleurs un argument mis dans la bouche de Jean-François Carenco : "On ne peut pas à la fois demander à ces autorités de faire des efforts budgétaires et ne pas chercher des pistes d’optimisation de leurs dépenses", aurait-il expliqué. On peut également songer à l’ouverture d’esprit et aux inévitables analogies que susciteraient la mise en commun des compétences et la confrontation des problématiques.
Pourtant, la création d’un super-régulateur présenterait également des risques. Pêle-mêle, on peut citer : un arasement des moyens d’action, la négation des spécificités sectorielles et la généralisation inopportune de méthodes adaptées à un seul secteur ou à une certaine phase du processus de libéralisation, la déspécialisation des agents et, surtout, la concentration de pouvoirs entre les mains d’une seule institution. La régulation au sens moderne repose précisément sur l’équilibre des pouvoirs entre institutions traditionnelles, régulateur indépendant, entités régulées, acteurs du marché et opinion publique, dans un cadre européen construit par secteurs économiques.
Quels que soient les avantages et inconvénients d’une telle évolution, la régulation mérite d’être réfléchie dans son ensemble, de manière lucide et impartiale, dans une perspective dynamique et européenne. De fait, "il n'y a de long ouvrage que celui qu'on n'ose pas commencer" (Charles Baudelaire).
Dans l’attente d’un hypothétique débat public sur le sujet, les régulateurs continuent, plus classiquement, de plaider pour leur paroisse. Ainsi le Conseil supérieur de l’audiovisuel a-t-il présenté en septembre vingt propositions pour refonder la régulation audiovisuelle.
Et l’actualité de ce mode d’intervention publique demeure très riche, comme notre lettre tente de le montrer une nouvelle fois.
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